On l'avait surnommé le Chacal
C'était un type phénoménal
Un grand, aux épaules magnifiques
L'air d'un sauvagage, un peu crâneur
Il avait décroché mon coeur
Comme ça d'un sourire ironique
Le soir, à l'heure de l'apéro
Il s'amenait dans notre bistro
Toujours tout seul, sans un copain
En fredonnant un drôle de refrain
Pan Pan l'Arbi? C'est le Chacal qu'est par ici
Y se mettait au bout du comptoir
Le regard lointain comme sans rien voir
J'attendais toujours qu'il me cause
Qu'y remue un peu qu'y fasse quelque chose
Mais il restait indifférent
Et sifflotait entre ses dents:
Pan Pan l'Arbi? C'est le Chacal qu'est par ici.
Personne connaissait son boulot,
Et on parlait derrière son dos,
On disait: ?Qu'est ce qu'y manigance??
Les hommes le regardaient par en dessous,
Les femmes lui faisaient les yeux doux
Parfois y'avait de grands silences,
La peur montait dans les cerveaux
?C'est peut-être un flic, ce gars costaud??
Mais lui souriait avec dédain
Et leur crachait toujours son refrain.
Pan Pan l'Arbi,
C'est le Chacal qu'est par ici.
Les mains dans les poches du veston
Y semblait dire: ?Venez-y donc!?
J'attendais toujours qu'il leur cause,
Qu'y remue un peu, qu'y fasse quelque chose.
Mais il restait indifférent
Et sifflotait entre ses dents:
Pan Pan l'Arbi,
C'est le Chacal qu'est par ici.
Et puis un soir qu'il faisait très chaud,
Que les nerfs étaient à fleur de peau
Et que ça sentait partout l'orage
Comme il gueulait son sacré refrain
Un homme sur lui leva la main,
Alors il bondit pris de rage.
Il s'est battu sans dire un mot
Mais eux les lâches, ils étaient trop
Et tout d'un coup, je l'ai vu tomber
Alors seulement il m'a parlé:
Pan Pan l'Arbi,
Les salauds qu'est ce qu'ils m'ont mis
Et puis il a fermé ses yeux
En soupirant: Ça vaut peut-être mieux
Moi, j'avais froid, comme de la fièvre,
Mais j'ai voulu goûter ses lèvres
Au moins une fois, car je l'aimais!
On a jamais su ce qu'il cherchait
Pan Pan l'Arbi,
Plus de Chacal? C'était fini